2015

 Mission de Désir d’Haïti du 7 au 21 avril 2015

Participantes : Jocelyne Canard, Brigitte POIRIER et Christiane ESTEVES, accompagnées de Michel Buzzoni pour la rencontre avec les artistes

 

 Rapport de mission 2015

Les objectifs de cette mission étaient multiples :

1. d’une part, le suivi des projets (citernes, pépinière de café et élevage de poules), les Mutuelles de Solidarité, la construction de la maison intercommunale de Maniche / Camp Perrin, échanger avec Fonhsud sur la nécessité d’élargir notre partenariat par rapport à la Fondation Paysans du Sud (Père Yves) ;

2. d’autre part, la rencontre avec les artistes peintres et les sculpteurs sur métal, accompagné par Michel Buzzoni de l’association jurassienne « Les Amis d’Haïti ».

1) PROJET CAFE

Visite des terrains concernés par les plantations de café à Laroche-au- Pont, Dominique et Vilou qui dépendent de la commune de Camp Perrin.

Les terrains concernés par le projet sur la commune de Toirac, sont situés dans les zones les plus boisées de la commune. Nous avons rencontré les organisations paysannes et les bénéficiaires.

Pépinière réalisée à Laroche-au-Pont, qui est central par rapport aux 3 localités concernées, située près d’une habitation afin d’éviter les vols. Cette pépinière comprend 13 platebandes de 1 200 plantules chacune soit 15 600 plantules. Une 2ème pépinière sera créée si des fonds supplémentaires sont octroyés pour ce projet.

Les graines sont mises dans la terre pour la germination qui se fait en 20 jours, ensuite les plantules saines sont mises en sachet.

Le medium pour les sachets est préparé avec du sable, de la terre et du compost. Les plants de café doivent être plantés avec des avocatiers ou des bananiers (surtout ne pas associer de manioc).

Certains terrains sont très en pente et nécessitent un tissu drainant pour retenir les terres.

La récolte du café aura lieu au bout de 4 ans.

Les groupements de paysans sont FETAL, RESEAU, OPD et OFACA

Echange avec les bénéficiaires :

Fonhsud indique aux groupements de paysans, qu’il faut qu’ils fassent une demande afin d’avoir une reconnaissance légale. Les membres de Fonhsud sont  près à les aider s ils rencontrent des difficultés pour remplir l’imprimé qui leur est remis.

Ce sont les responsables des paysans qui ont choisi les bénéficiaires en fonction de critères établis par Fonhsud : posséder déjà des plantations de café , exposition du terrain ombragée, que les terrains aient une superficie minimum et qu’ils n aient pas été inondés. Fonhsud propose d organiser des « combits » (groupement de paysans travaillant ensemble) pour la mise en terre des plants de café dans les terrains concernés.

52 bénéficiaires ont été retenus par les groupements de paysans (22 femmes et 30 hommes). Fonhsud signale qu’il va faire le tour de tous les terrains afin de vérifier que les bénéficiaires respectent bien les critères demandés.

Intervention d’un membre d’organisation paysanne :

Un homme qui n’a pas été retenu comme bénéficiaire pose 2 questions :

1) Pourquoi la visite de terrain se fait maintenant alors que les bénéficiaires sont déjà identifiés ?

Morin rappelle que ce sont les groupements de paysans qui ont arrêté la liste en fonction des critères évoqués précédemment et Fonhsud va vérifier que ces terrains respectent bien les critères.

2) Sur la possibilité de distribuer moins de plantules à chacun afin de bénéficier a un plus grand nombre : Fonhsud a répondu que le nombre de plantules serait en fonction de la superficie du terrain, pour permettre une bonne rentabilité.

La femme responsable de OFACA rappelle aux paysans « que ce n’est pas parce qu’ on vous donne les plantules qu’il ne faudra pas en prendre soin. »

Une autre femme précise « que c était de leur faute si le café avait disparu dans le passé car les plantations avaient été abandonnées, négligées et ils avaient déboisé autour des plantations et les pieds de café avaient grillés. »

Le café satisfait leur besoin personnel et permet aussi d’augmenter leurs revenus par la vente.

Paysans bénéficiaires

Pépinière de café

2) MUSOS : RENCONTRE PROMOTEURS (responsables des mutuelles de solidarité)

 

Participants : Dany Mirand, Joseph Jean, Anne Venette, Charles Clemenca, Estinvil Jean Francois, Jean Louis Duverger. Emile Jacquet était absent car il est aux USA depuis 2 mois, il devrait revenir.

Difficultés rencontrées :

Les problèmes de remboursement sont dus, d’une part, aux problèmes de sécheresse qui sévit depuis 3 ans dans le sud. Des zones font beaucoup d’effort pour cotiser, d’autres cotisent au ralenti et ont subi des inondations, les bêtes et les plantations ont été détruites. Grâce aux visites des promoteurs les MUSOS restent debout. Dans certaines MUSOS, il y a aussi de la négligence sur le remboursement.

On rencontre un autre problème : l’immigration vers le Brésil, les bénéficiaires ne remboursent pas leur prêt avant de partir.

A quoi servent les prêts que les membres obtiennent : élevage, achat de bœufs, agriculture pour le commerce alimentaire (achat de semences, de plantules et d’outils), achat d’une moto, matériaux pour la construction de maison.

Exemple de Dany : 2 cochons achetés, 2 500 gourdes, au bout de 13 mois, elles les a vendus 10 000 gourdes, soit un bénéfice de 150 €.

Témoignage des promoteurs :  »Les Musos sont un lieu de solidarité, d’échange, de formation sur la santé (lutte contre le choléra), l’éducation civique, l’élevage. On y donne des informations nationales et internationales. »

Les femmes qui font la transformation des fruits (celles qui avaient suivi la formation il y a 5 / 6ans), ont un local où elles font leur transformation. Elles disent qu’elles auraient besoin de matériel plus performant, ceci pour optimiser leur activité.

RENCONTRE AVEC LES BENEFICIAIRES DES MUTUELLES DE SOLIDARITÉ

MUSOS de Bellevue,  « Femmes de Bellevue » : elles cotisaient 50 gourdes par mois et la mutuelle « s’est écrasée » car l homme responsable était malveillant. Certaines de ces femmes ont décidé de recréer une autre Muso mais exclusivement composée de femmes. Elles ont participé à un concours de danse et elles ont gagné un prix de 2 000 gourdes qui a permis de redémarrer la mutuelle. Elles cotisent maintenant 100 gourdes par mois et elles sont très satisfaites du bénéfice qu’elles en tirent.

Fonhsud apporte un appui technique sur le reboisement, l’élevage caprin et ponctuellement sur l’alphabétisation.

Elles sont très dynamiques, elles ont construit un hangar car la FAO devait leur livrer un moulin à manioc, malheureusement le moteur du moulin est trop faible et elles ne peuvent s’en servir (il est toujours dans le carton).

3) CITERNES

Citerne à l’église catholique St Jean Baptiste : il manque une fixation de la plaque fermant la trappe, il est nécessaire de peindre le couvercle métal en peinture minium.

Voir si possibilité de rallonger la gouttière de 9 m pour remplir plus la citerne. Le système de gouttière a été adapté pour un meilleur fonctionnement le diamètre est de 4 pouces (11,5 cm) au lieu de 3 pouces, elle est fendue et la tôle de la toiture est glissée dedans.

2 citernes ont été construites sur les maisons de MAITRE JEAN et de VENEL GENTINE.

Citerne de MAITRE JEAN LUMENE : tuyau débranché pour récupérer de l’eau en plus dans un bidon et protéger la sortie des escaliers. 6 familles viennent y prendre de l’eau.

Citerne sur la toiture d’une église protestante à Pochette : réalisée l’année dernière, elle ne fonctionnait pas correctement. On constate dorénavant son bon fonctionnement car le diamètre des gouttières a été augmenté (4 pouces = 11,5 cm au lieu de 3 pouces).

Citerne de récupération d’eau de pluie d’une toiture terrasse : premier essai sur une toiture terrasse, c’est très concluant.

Récupération d’eau de pluie d’une toiture terrasse

Citerne de la mutuelle Délivrance Corridor : maison de M. et Mme ATTELIA. Chaque personne qui vient y chercher de l’eau traite elle même son eau (5 g de Clorox pour 1 galon soit 3,7 l). La population a pris conscience de l’importance du traitement suite aux épidémies de choléra. A la fin de la saison, les propriétaires de la maison doivent nettoyer l’intérieur de la citerne avec du Clorox et ne jamais vider totalement la citerne afin d’éviter les fissures. Il faut prévoir de faire une échelle solide afin d’accéder en haut de la citerne. Il y a 10 familles soit environ 70 personnes qui viennent y chercher de l’eau depuis le mois d’octobre , cela leur évite de faire 50 mn à pied et rapporter l’eau à dos de mulet. « La citerne a vraiment changé nos vies » car cette zone  de plaine est très aride, seul y pousse le bawron, qui donne du bois de chauffage, tous les 3 ans. Une petite cotisation mensuelle est demandée à chaque famille pour entretenir la citerne. Tout le monde a accès à l’eau de la citerne, ceci pour inciter les bénéficiaires à créer de nouvelles mutuelles.

 4) COOPERATION DECENTRALISEE : PROJET DE LA MAISON INTERCOMMUNALE

Echange avec les membres de l’association AICM , dont le comité est constitué de 7 membres : Myrtil (président), Moïse, Delva, Pierre, Joubert (trésorier), Mousson (secrétaire), Morin représentant de Fonhsud, André Vital représentant la mairie de Camp Perrin, Jocelyne et Christiane pour Désir d’Haïti.

Constat de l’état actuel de la construction de la maison intercommunale. La construction est close par des grilles aux fenêtres et des portes métalliques, mais la couverture n’est réalisée qu’à ¼.

Il reste à effectuer les travaux suivants : les ¾ de la toiture en tôle, enduits, peinture, carrelage, sanitaires, fenêtres (à voir si  nécessaire), portes intérieures.

Mirtyl rappelle que l’association AICM a été reconnue mais pour ouvrir un compte bancaire cela est très compliqué et coûteux. Le gouvernement a mis en place une nouvelle loi pour les associations. Il faut fournir la déclaration d’impôts des membres du bureau de l’association : président, secrétaire et trésorier, et il faut payer 10 000 gourdes (200 €) à la demande et 3 000gourdes (60 €) à l’ouverture du compte.

5) RENCONTRE AVEC LE PERE YVES ET IMELIENNE.

*  Visite du parc avicole à Montvil.

Projet d’élevage de poules : l’association avicole de Montvil, met à disposition l’ensemble des infrastructures nécessaires à l’élevage des poules (les cages, le local de stockage des œufs, l’eau), et le personnel chargé de la nourriture et du ramassage des œufs.

Le parc est géré par l’association « Union des Femmes pour le développement de Montvil », il a été créé en 2013. Le projet est soutenu par le ministère haïtien de l’agriculture.

Le parc d’élevage industriel de poules est constitué de multiples cages de 5 niveaux qui contiennent 130 poules par niveau. Elles sont nourries de maïs, soja, petit mil provenant de la République Dominicaine. Il y a 2 personnes salariées chargées de leur entretien (nourriture, eau, traitement..) qui ramassent les œufs dans des grands paniers en osier, les mettent dans des plateaux par 30 œufs. 12 plateaux sont mis en caisse, soit 360 œufs. Ils sont vendus à des petites marchandes qui les font cuire en œuf dur. L’excédent est vendu à un supermarché des Cayes. Un plateau est vendu 200 gourdes (soit 30 œufs pour 4 €). L’association reverse à la Fondation Paysans du Sud le montant de la vente moins le salaire des employés. Ce bénéfice sert au paiement du loyer du local de la radio et à donner une indemnité aux 2 salariés de VPS. A terme, l’association souhaite créer un réseau de distribution pouvant accueillir 5 000 poules. Ils ont le projet de monter un atelier pour élaborer la nourriture des poules.

* Tourisme solidaire

Suite à la rencontre de l’agence française « Envie de rêver »qui m’avait demandé de rencontrer Fonhsud pour voir s’ils accepteraient de faire un partenariat avec eux, j’ai organisé une rencontre avec le Père Yves, Imelienne et le représentant local de l’agence Cédric Casseus de Gressier. Le Père Yves a demandé si l’agence pouvait se charger du véhicule pour le transport des voyageurs et trouver les personnes intéressées par ce type de voyage. Cédric voulait connaître le type d’hébergement. Ils ont échangé leurs numéros de téléphone. A voir la suite qui sera donnée….