2003

Carnet de Nathalie ESTEVES

Arrivée à Port au Prince le 9 Mai 2003, Atterrissage un peu bousculé, je n’aime vraiment pas l’avion mais je dépasse mes peurs pour découvrir ce pays d’Haïti dont j’ai si souvent entendu parlé.

Après avoir passé la douane, nous allons chercher nos bagages. Deux porteurs nous proposent de les charger sur les chariots et de nous accompagner jusqu’à notre véhicule.

Nous les suivons avec tout notre chargement (12 bagages dont des livres et un ordinateur) et là au secours ! à peine un pied en dehors de l’aéroport, qu’un attroupement de porteurs nous encerclent. Ils parlent tous en même temps, nous collent, nous prennent nos bagages. C’est la panique, nous essayons de trouver désespérément Nattacha, le temps nous paraît très long, Nos regards se croisent, nous voilà rassurés, elle est là !

Après avoir chargé le 4×4, le chauffeur nous demande de fermer les portières du véhicule par sécurité, à mon avis il y a danger !

Nous traversons la capitale pour aller sur les hauteurs de la ville à «Villa Manrèse» là où nous allons passer la nuit. Quel contraste, d’ici on domine toute la ville c’est le calme, un havre de paix après toutes ces émotions, cela fait du bien.

Le lendemain le chant des coqs nous réveille à 5 heures, nous prenons la route vers le sud. Après avoir quitté les embouteillages de Port au Prince nous découvrons la côte superbe et les mornes arides qui nous mènent vers Aquin, où les membres de FONHSUD nous accueillent.

Le programme est chargé car nous souhaitons avec Philippe du CCFD et Anne Sophie de la SIDI rencontrer un maximum de groupes de paysans, pour avoir leur témoignage.

Un jour, en fin de matinée nous partons vers les mornes à la rencontre d’un groupe de paysans faisant partie d’une mutuelle. Après quelques minutes de trajet, la pluie se met à tomber violemment. Nattacha nous informe que nous ne pourrons pas aller plus loin car les roches qui chevauchent le chemin, glissent, il va falloir faire demi tour. Déjà des paysans nous signalent que la rivière que nous avons traversé quelques temps auparavant a énormément monté et que nous allons devoir attendre la décrue. Nous sommes étonnés. Il a plu 20 mn, des pluies diluviennes c’est vrai, mais de là à ne plus pouvoir repartir…Certains disent qu’il va falloir passer la nuit ici. Nous laissons le 4×4 et allons à pied nous rendre compte de la situation. Quel étonnement lorsque nous arrivons à la rivière c’est un torrent de boue. Elle a dû monter de 3 mètres d’après les dires des paysans. On se dit que la journée est perdue, que faire ?

La vie s’organise calmement, Nattacha demande à une dame de nous préparer un petit repas au pied levé. Pendant ce temps nous allons chez le couple Gillebert Bazile qui fait partie de la mutuelle de la fraternité à Bouzy.

Après la pluie, le soleil est revenu, nous sommes installés dehors à discuter avec ce couple dont la femme a été reconnue la plus méritante des mutuelles. Elle a reçu de FOHNSUD un réchaud à kérosène en remerciement. Cette femme va nous chercher les richesses de son jardin : ananas, noix de coco etc… Elle se met à chanter avec Nattacha qui reprend à son tour, le temps s’est arrêté, peu importe l’état de la rivière, on ne se soucie plus de rien.

Nous passons 4 heures sublimes avec ces gens accueillants, détendus. Ils se laissent porter par les réalités du pays, alors que nous, nous courons tout le temps et le moindre contre temps nous perturbe.

Cela m’a donné une grande leçon de vie.

La découverte d’Haïti m’a ouvert les yeux, ces hommes et ces femmes qui vivent dans des conditions très modestes, m’ont beaucoup apporté au travers des échanges que nous avons eu, sur leur culture, leur histoire, leurs traditions culinaires et leur capacité d’écoute.

Merci à tous ceux qui nous ont accueillis.