Situation en Haïti
Haïti fait face à une crise multidimensionnelle aggravée depuis l’assassinat du Président Jovenel MOÏSE, en juillet 2021, et la démission du Premier ministre, Ariel HENRY, sous la pression des gangs et de la communauté internationale, en mars 2024.
Conformément à l’accord de Kingston du 11 mars 2024, un Conseil présidentiel de transition (CPT) composé de 9 membres dont 2 observateurs a été créé et un Premier ministre a été nommé (Garry CONILLE, remplacé depuis le 11 novembre 2024 par l’homme d’affaires Alix Didier FILS-AIME). Les autorités se sont engagées à organiser des élections générales en 2025, les premières depuis 2016, avant que n’arrive à échéance le mandat du CPT le 7 février 2026.
Pour l’heure, le pays est en proie à une insécurité croissante et à une situation humanitaire sans précédent : 85% de la zone métropolitaine de Port-au-Prince est aux mains des gangs, au moins 3 600 personnes ont été tuées entre janvier et septembre 2024 et 750 000 personnes ont dû fuir leurs domiciles. A l’heure actuelle, Port-au-Prince se retrouve isolée, sur les plans terrestre, maritime et aérien après que des tirs des gangs sur des avions de ligne américains le 11 novembre 2024 ont conduit à la fermeture de l’aéroport et à la suspension des liaisons aériennes opérées par les compagnies américaines et françaises.
Les troubles politiques et la dégradation de l’économie du pays (inflation à 20% et dépréciation de la gourde) ont fortement affecté la sécurité alimentaire d’Haïti, pays par ailleurs très exposé aux catastrophes naturelles, notamment à cause de sa topographie (nombreux bassins versants et zones inondables) et d’un environnement dégradé (moins de 2 % de couverture forestière). Le tremblement de terre du 14 août 2021 dans le sud-ouest du pays qui a fait des milliers de morts témoigne de la vulnérabilité d’Haïti au risque sismique. L’ONU estime que près de la moitié de la population (5,4M) est confrontée à une insécurité alimentaire aiguë. Haïti, seul État du continent américain à faire partie du groupe des pays les moins avancés, est classé en 170ème position en termes de développement humain (sur 189 États) par le PNUD. Selon les données des Nations Unies, près des trois-quarts de la population vit sous le seuil de pauvreté (60 % avec moins de 2 US$/jour).
Le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé l’envoi d’une Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya, en octobre 2023, dont le mandat a été renouvelé jusqu’au 2 octobre 2025. Les premiers policiers kényans ont été déployés en Haïti en juin 2024. En septembre, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, le contingent de la MMAS – composé de policiers kényans, de militaires et policiers jamaïcains et de soldats béliziens – était insuffisant pour faire face à la violence des gangs. Dans ce contexte, le Conseil présidentiel de transition a appelé à une transition de la MMAS vers une opération de maintien de la paix.
Source : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/haiti/presentation-de-haiti/