1999

Durant leur séjour en France en Mars 1998, la délégation haïtienne a fait divers déplacements à travers le pays. C’est ainsi qu’elle a été invitée par la municipalité de Strasbourg qui entretient des relations privilégiées avec la Ville de Jacmel (située au centre du sud d’Haïti).

D’autre part les Haïtiens souhaitaient rencontrer des chefs d’entreprises, et le hasard a voulu que le même week end, l’entreprise Jean Lefebvre (Travaux Publics) ait un séminaire dans cette même ville (un membre de Désir d’Haïti travaille dans cette entreprise).

vilnèsC’est ainsi que Wilnès Tilus (prêtre et coordonateur de FONHSUD) et Philoma Chatellier (maire d’Aquin) ont longuement discuté avec ces responsables d’entreprises et leur ont fait part de leur manque de techniciens dans leur pays.

Wilnès les a invités à venir voir les réalités de leur région , l’idée a germé et c’est ainsi qu’en Août 1999 un groupe de 7 personnes (techniciens et membres de Désir d’Haïti) est parti découvrir le sud du pays (Aquin, Cavaillon, St Louis du Sud) où travaille FONHSUD.

Dés notre arrivée à Port au Prince (la capitale) nous avons été pris en charge par FONHSUD représenté à la fois par les élus, les responsables de l’association et les groupements de paysans et de pêcheurs.

Cela nous a permis de découvrir cette région du sud-est d’Haïti, bordé au sud par la mer des Caraïbes et au nord par l’océan Atlantique, une région superbe, nos objectifs étaient de mieux connaitre les actions de FONHSUD qui travaille en coopération décentralisée avec les communes d’Aquin, de Cavaillon et de Saint-Louis-du-Sud.

C’est à Pliché sur les hauteurs de Cavaillon que nous avons été hébergés, nous avons pu rencontrer le Père Yves responsable de la communauté La Kou La Kaye. Il nous a expliqué la philosophie de cette communauté, basée sur le respect de la nature et des hommes et la prise de conscience qu’ensemble ils peuvent améliorer leur conditions de vie. On peut lire sur le mur de clôture : « Bondye se lavi batay ak diyite moun se dwa ak devwa tout pep » qui signifie Dieu c’est la vie, combattre avec dignité c’est le droit et le devoir de tout un peuple.

La Kou La Kay (qui signifie la cour de la maison) est une communauté catholique où chacun est libre de participer aux activités : atelier de transformation des fruits, atelier mécanique, ferronerie radio, atelier de couture, peu importe ses croyances religieuses, tous sont accueillis.

En participant au développement de La Kou La Kay, ils améliorent leurs conditions de vie. Tous les matins nous étions réveillés par la radio Voix Paysans du Sud (VPS) qui émet de 5h du matin à 12h sur tout le sud du pays, de Jacmel à Jérémie. Cette radio est un moyen de communication et d’éducation très important, ellle permet un échange de savoir et de culture, durant l’été sont organisés des rencontres de jeunes, des formations.

Un véhicule camionnette bâchée avait été aménagée pour nos déplacements par les personnes de La Kou La Kaye.

Nous avons commencé par rencontrer les membres de FONHSUD, noyau d’intellectuels qui travaille de concert avec les élus et les communautés de base. Ces derniers ont des projets, soit de culture, soit d’adduction d’eau, soit d’amélioration de l’habitat, ils les présentent à FONHSUD qui essaie de trouver les moyens techniques et financiers pour concrétiser ces projets avec le concours des élus.

Nous avons rencontré les communautés de base paysanne comme KOREKA, POPKA qui nous ont expliqué comment ils s’organisaient pour améliorer leur condition de vie. Cela a été au tour des communautés de femmes de nous présenter l’artisanat qu’elles réalisent, quant à la communauté des pêcheurs, elle nous a fait découvrir la grosse barque qu’ils étaient en train de construire, cela allait leur permettre d’aller pêcher plus loin dans la mer, rapporter de plus gros poissons et partager le bénéfice de la vente réalisée par les femmes.

Chaque jour nous étions accompagnés dans nos déplacements, soit par des élus, soit par des membres des communautés de base, ce fut un vrai plaisir de rencontrer ces hommes et ces femmes au travail et de découvrir les mornes (montagnes) encore très verdoyantes dans les hauteurs de Cavaillon, les avocats géants, les mangues, les ananas, les goyaves, les palmiers, les arbres à pain, les palétuviers, le vétiver, cette région est un grand jardin comme disait une des voyageuses.

De retour en France, deux voyageurs eurent des problèmes de santé, ils avaient attrapé « la Dengue » une fièvre hémorragique due aux moustiques, il faut dire que nous avions choisi une mauvaise période pour partir car c’était la saison des pluies, il n’y a pas de remède, il faut que le corps reprenne le dessus.

Après 3 semaines de grande fatigue, il fallait témoigner de nos découvertes et envisager l’avenir car Wilnès nous avait demandé de ne pas arrêter là notre échange, d’aller plus loin dans notre démarche. Nous avions vu les actions de FONHSUD, les mutuelles, les coopératives, nous avions rencontré les membres de FONHSUD, les groupements de paysans, de pêcheurs, nous avions vu comment ils s’organisaient pour améliorer leur conditions de vie.

En décembre 1999, à l’assemblée générale de Désir d’Haïti, les 7 voyageurs ont témoigné et nous avons décidé d’aller plus loin pour entretenir cette amitié.
De là est venue l’idée d’écrire un petit journal Nouvèl Lakay qui signifie nouvelles de chez nous, qui se veut un lien entre les 2 pays et un échange permanent.