Visite de Wilnès Tilus co-fondateur de FONHSUD
Le père Wilnès Tilus, fondateur et coordinateur de Fonhsud, de retour d’Allemagne où il participait au lancement de la campagne de carême avec Misereor , faisait étape en région parisienne sur le chemin d’Haïti et donnait à Vaires une conférence le 25 février sur la situation haïtienne suite au tremblement de terre qui a ravagé le pays en début d’année. Une vingtaine de personnes de Désir d’Haïti participaient à la conférence.
Difficile de dénombrer les victimes du tremblement de terre : 300 000 morts, un million sans abri, un demi million déplacé en province ? Les chiffres sont forcément imprécis mais les pertes humaines et les dégâts matériels sont considérables. Les villes de province, épargnées dans leur ensemble à l’exception de Jacmel, Léogane, Petit Goâve, ont reçu peu d’aide en comparaison de Port au Prince placé sous les feux de l’actualité pendant un mois. Aquin qui a souffert quelques dégâts (l’église n’est plus en état de servir) un hôtel a été sinistré, des maisons sont fissurées, a accueilli des réfugiés de Port au Prince mais n’a reçu aucune aide officiellesignificative.
Wilnès a insisté sur la grande solidarité entre haïtiens qui, malgré de très faibles moyens, ont fait face aux conséquences du tremblement de terre. Les familles du sud se sont dilatées pour recevoir leur famille ou des connaissances en provenance de Port au Prince. Certaines familles sont ainsi passées de six membres à une vingtaine. Fonhsud, le père Gousse malgré la perte de son frère et neveu, et Désir d’Haïti par l’intermédiaire de Fonhsud, ont fait face à la situation en mettant en œuvre des moyens d’urgence. On peut penser que, parmi les personnes déplacées, une grande majorité devrait retourner sur Port au Prince pour profiter de l’aide internationale qui s’y concentre et qu’il faudra probablement attendre quelque temps encore avant que les rescapés définissent une stratégie entre un retour vers la capitale ou un séjour définitif en province.
Le sud, comme le reste d’Haïti, doit faire face à l’urgence tout en pensant à la reconstruction en concertation avec la population locale. Donner de la nourriture aux jeunes, assurer leur éducation, faire en sorte que les familles puissent accueillir des réfugiés, renforcer les moyens d’action des mutuelles sont des actions à court terme auxquelles s’emploie Fonhsud, mais voir plus loin et penser à la reconstruction du pays est tout aussi indispensable. Organiser l’irrigation, entretenir les bassins versants seraient parmi d’autres des travaux à moyen terme, à haute densité de main d’œuvre, utiles pour un développement durable du pays. Ces travaux devraient être lancés par des structures intermédiaires et locales car l’Etat n’a pas le moyen de tout organiser.
Dans cette direction, Wilnès a insisté sur l’importance de la décentralisation et a invité Désir d’Haïti a faire un plaidoyer vis-à-vis des organismes avec lesquels il est en contact afin que l’aide ne soit pas concentrée exclusivement sur la capitale.
Compter sur les élus locaux est illusoire car ceux-ci, en perpétuelle campagne électorale, n’ont pas la disponibilité nécessaire pour penser le développement à moyen terme.
Imaginer et organiser la reconstruction sont des tâches pour Fonhsud et Désir d’Haïti qui le soutient dans les mois à venir.
Gérard Aleton
A l’occasion de sa venue en France Wilnès a rencontré M Marion, président de la communauté d’agglomération de Marne et Chantereine, M Gerlé vice président chargé de la coopération décentralisée et Vinciane Marin, coopérante.
La communauté d’agglomération souhaite poursuivre un travail de fond avec Haïti et les autorités locales avec qui Fonhsud travaille, dans le cadre de la coopération décentralisée.